Communauté de jeux de rôle indépendants
En fait, ce que je n'ai pas résolu, c'est : est-ce que le mode auteur est de l'Absorption ?
J'aurais parfois envie de dire oui, et parfois non. Raconter un truc pour tendre une perche à l'autre, comme le décrit Fabrice deux messages plus haut, ou pour montrer comme on raconte bien des scènes d'action, je ne mets pas ça dans l'Absorption. En revanche, décrire les personnages en pure contemplation, dans une scène du quotidien, sans enjeux, en train de se remémorer quelque chose, je n'ai aucun problème pour dire oui : Le joueur raconte l'état de son personnage, son attitude, ses paroles, ses interactions avec le décor et les autres personnages... il est en Absorption.
Disons qu'il y a pas mal de choses qui se chevauchent dans l'Absorption et l'on pourrait sans doute faire plusieurs sous-concepts. Du coup, je parle à la fois de l'Absorption comme "possession du personnage" (au sens de la possession par un fantôme ou un démon, où qui possède qui n'est pas toujours facile à savoir) et à la fois d'une certaine forme d'Exploration (au sens donné par Ron Edwards) où le personnage est dans une attitude contemplative, ou introspective (comme dans les scènes d'Exposition dans LCS). Et je trouve que LPCO est là-dedans (Happy Together aussi).
Quand on joue l’Absorption, défend-t-on les intérêts de son personnage ?
Agir conformément à ce que la condition du personnage présuppose peut être question de vie ou de mort, par exemple : si je joue un simple mercenaire, il est préférable que je fasse montre de déférence et de loyauté au roi, sans quoi je risque d’être jeté au cachot. Dans ce cas, le joueur défend les intérêts de son personnage en se comportant de manière attendue (y compris sans recours à des mécaniques). Dès lors que le comportement du personnage implique des enjeux fictionnels, sociaux, par exemple, on peut considérer qu’il concerne ses intérêts.
Mais, dès lors que le comportement du personnage est détaché de tout enjeu dans la situation de la fiction, ce que crée le joueur ne relève plus que de la Couleur et du Canon esthétique. Couleur et Canon esthétique sont fondamentaux à toute pratique de jeu de rôle, il s’agit du plus petit degré de participation possible pour un joueur, y compris en mode Auteur.
Un joueur se limitant à produire de la Couleur et à respecter le Canon esthétique de la partie ne défend pas les intérêts de son personnage. Cela doit impliquer un enjeu fictionnel, ce que la recherche de vraisemblance seule ne permet pas.
Les Petites Choses Oubliées de Sylvie Guillaume et Christoph Boeckle, Perdus sous la Pluie de Vivien Féasson (alias Mangelune) ou encore Happy Together de Gaël Sacré (en cours de création) ne renforcent que l’Absorption. Leurs règles ne renforcent pas la Combativité, car ces jeux ne disposent d’aucune mécanique de résolution et donc ils n’incitent ni n’encouragent à se disputer les enjeux de la partie via des moyens mécaniques de prise de contrôle ou de pouvoir. Ils proposent d’élaborer une histoire par des moyens plutôt apaisés, amicaux, contemplatifs, conciliés ou par concession ; donc non-combatifs. Ce ne sont pas pour autant des jeux en mode auteur, car les décisions qui sont prises au cours du jeu, le sont par et pour les personnages.
À noter que si l’Absorption peut fonctionner dans une pratique où les joueurs ont peu d’impact sur le déroulement de l’histoire, ces trois exemples ont la particularité d’offrir beaucoup de pouvoir narratif aux joueurs.
Si un jeu m'amène à décrire l'échec de mon jet de dé, est-ce que je suis encore concerné par la combativité ou l'absorption ?
Si je fais faire à mon personnage une action qui dessert son intérêt (descendre imprudemment dans la cave infestée de monstres, dire à haute voix à tout le groupe que mon personnage prépare une trahison, décréter que mon personnage échoue une action qu'il tente pour montrer que c'est un loser...), est-ce que je suis encore concerné par la combativité ou l'absorption ?
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